à coeur ouvert
ce soir, j'ai regardé l'émission "immersion totale" sur l'hôpital st Anne.
ça m'a fait bizarre, car je connais la vie en hôpital psychiatrique, je la connais trop bien, et je connais st Anne....
Trop souvent ces temps-ci, j'aimerais être hospitalisée, "prise en charge" avoir des gens pour me soutenir, ds tous les moments difficiles de la journée, pour tous mes moments déficitaires...
J'ai besoin de l'entourage de professionnels que l'on peut solliciter à chaque crise d'angoisse, à chaque coup de cafard...
J'ai besoin de cet entourage là, c'est 1 fait. Seule j'ai du mal. Je le reconnais, je le déplore amèrement.
Pour ma maladie, j'ai 2 choix vis à vis de l'extérieur, des gens autour, des gens tout courts :
_soit je fais comme si elle n'existait pas, je n'en parle pas, et ds ce cas je dois me coltiner seule les difficultés, vivre ds l'incompréhension totale des gens qui se demandent pourquoi je ne suis pas "normale" et qui prennent mes manques pour de la paresse ("bah quoi tu n'as pas trouvé de boulot ? bah qu'est-ce que tu fous ? c'est pas si dur ! mais quoi tu dors encore? allez, bouge toi, sors dehors etc,etc.... toutes ces choses si pénibles à faire pour moi, (et je passe sur les phrases culpabilisantes genre : "et tu penses à ton fils?" "tu n'as pas honte?" etc.....) je me heurte à l'incapacité voire au refus des gens de comprendre , quant ce n'est pas de l'exaspèration, et que chacun aille de son petit commentaire qu'il croit eclairé
_soit je dis la verité, et c'est 1 soulagement que de ne pas avoir à se cacher, mais je sais que je vais perdre beaucoup des personnes qui m'entourent , les faisant fuir avec ma souffrance, de peur sans doute qu'elle soit contagieuse...
le pendant de cette incompréhension est l'obsequiosité malsaine ( "oh la pauvre !!!" ) et le risque d'être assistée plus qu'aideée, ces personnes oubliant que mon cerveau fonctionne et que je suis loin d'être stupide
C'est trop ou pas assez. Ou mal.
Je n'en veux pas aux gens d'être deconcertés, voire mal à l'aise face à certains de mes propos ou de mes attitudes, ma dépression est 1 maladie psychiatrique qui est grave, si elle ne l'était pas, je m'en serais debarrassée depuis longtemps.
Personne n'aime souffrir, le masochisme est 1 état pathologique à lui seul, accompagné la plupart du temps de son corollaire de productions mentales incertaines.
J'en veux aux gens de minimiser les choses, de faire comme si de rien n'était, probablement car la dépression les renvoie à leurs propres angoisses, que me voir abattue leur est insupportable , cela leur montre combien la santé morale et mentale est fragile, eux qui se repaissent ds leurs idées toutes faites, s'engluent ds leurs propres mensonges, se persuadent et s'endorment....
Je sais que je suis différente, je le ressens âprement tous les jours, et encore, je fais 1 travail impressionnant en amont pour sembler comme les autres... j'aimerai juste que quelqu'un l'entende et que l'on arrête de vouloir me secouer ou me mettre des coups de pieds au cul...c'est insupportable, très infantilisant ("tu vas voir, moi, j'ai la solution !) et cela nie complètement ce que je peux ressentir et éprouver
je sais que ce post déplaira à plusieurs d'entre vous, que certains le trouveront glauque, morbide,dérangeant etc... et qu'il n'attirera pas de commentaires, car tout le monde se sent désarmé et ne sait que dire... pourtant, j'aimerais me sentir moins seule, moins extra-terrestre et rencontrer 1 peu d'empathie...
sur ce, je vais faire comme fait tout bon psychologue, je vais clore la séance car il est déja tard.
Ce soir j'ai fais 2 bêtises :
1_ j'ai attendu en vain 1 mec qui avait mieux à faire que de parler avec moi (alors que je m'étais promis de ne plus rien attendre de l'Autre)
2_ j'ai ouvert mon coeur en parlant d'1 sujet tabou